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Non aux agrocarburants - Oui au recyclage ultime des déchets en carburants

Cnir des 24 et 25 Novembre 2007

dimanche 25 novembre 2007, par Natalie Gandais

Ce texte, voté à l’unanimité du CNIR, précise notre position en matière d’agrocarburants

Les Verts sont depuis longtemps favorables à l’utilisation de la biomasse comme source d’énergie renouvelable. Ils ont notamment été à l’initiative de la directive européenne qui prévoit l’incorporation de 5,75 % de carburants issus de la biomasse dans les carburants fossiles d’ici 2010. Mais ils entendaient par là des carburants issus de la fermentation et gazéification de déchets, domestiques, urbains (comme ce qui est fait à Lille ou à Montpellier) ou agricoles, ou l’autoconsommation (dans les tracteurs) des huiles végétales pures produites à la ferme.

Mais le développement actuel des carburants issus de la biomasse se fait essentiellement, (malgré les réserves de plus en plus fréquentes sur leurs bilans énergétique et d’émission de GES), par des cultures industrielles spécifiquement destinées à la production de carburant (colza, tournesol, soja ou palmier pour leur huile en substitution au diesel, blé, betterave, maïs ou canne à sucre pour l’éthanol en substitut à l’essence), vastes monocultures, souvent d’OGM, dans le Tiers-monde, occupant ainsi des terres au détriment de la production d’aliments, et détruisant toujours plus d’espaces naturels, dégradant les sols, détruisant la ressource en eau (captée pour l’arrosage et contaminée par les produits agrochimiques), la biodiversité et les conditions de vie et de travail des hommes et des femmes qui vivent dans ces espaces.

Alors que tous les jours, 100 000 personnes meurent de la faim ou de ses conséquences immédiates, alors que les terres agricoles en Afrique reculent et laissent la place au désert, alors que le prix du maïs au Mexique a quadruplé en 2 ans, (Jean Ziegler rappelle aussi, dans son rapport pour le Droit à l’alimentation devant l’Onu, qu’il faut 232 kilos de maïs pour faire un plein de 50 litres, c’est la quantité nécessaire pour nourrir un enfant zambien ou mexicain pendant un an…), alors que le prix du riz et du blé viennent de doubler en un an (quand 38 sur 53 des pays africains doivent importer de la nourriture pour combler leur besoins), il est urgent de stopper le développement de ces cultures qui n’ont pour vocation que d’alimenter les réservoirs des autos des pays riches, il est urgent de stopper la transformation des matières nobles en carburant.

Par une motion au Parti Vert européen, les Verts français ont alerté nos camarades des autres partis Verts d’Europe. A l’initiative de Verts français, des débats publics ont eu lieu, au Parlement européen et aux Journées d’été. Les Verts au Parlement européen en ont débattu lors de leur journées de rentrée à Prague. Le prochain congrès des Verts mondiaux, à Sao Paulo, en débattra également.

Aujourd’hui, les objectifs européens (5,75% en 2012, puis 10% en 2020) et français (7% en 2010 et 10% en 2015) d’incorporation de carburants issus de la biomasse sont insoutenables : en l’absence d’un développement suffisant de la fermentation-gazéification des déchets, les surfaces qu’il faudrait leur consacrer en Europe sont indispensables à la production alimentaire, quand la remise en culture des jachères en Europe ne parvient pas à contenir la hausse des prix du grain et que les stocks mondiaux diminuent (6 mois pour le blé, 2 mois seulement pour le riz !). La réalisation de ces objectifs reviendrait donc à accroître la pression sur les agrocarburants issus du Tiers-monde.

Pourtant, le Grenelle de l’environnement, en France a évacué la question du moratoire sur les agrocarburants réclamé par les ONG et les Verts. La politique fiscale nationale en faveur des agrocarburants n’est pas remise en cause. Seule une « expertise » de leur bilan écologique et énergétique est retenue. Aujourd’hui, les aides aux agrocarburants, en France et en Europe, sont multiples. Aides européennes à l’hectare (par la PAC), et en France, aides fiscales aux producteurs, mais aussi relais d’aides européennes aux installations. Et cet automne fleurissent les publicités pour le « biocarburant » E85.

Motion

Les Verts, réunis lors du Cnir des 24 et 25 Novembre 2007 :

- Dénoncent l’engagement de la France dans la filière des cultures à vocation carburants et :

*S’opposeront à ce que la France et l’Union européenne importent ces carburants du Tiers-monde
*S’opposeront, à l’Assemblée nationale, aux incitations fiscales et autres aides à la filière agrocarburants
*Refuseront, dans les régions et autres collectivités, de financer les installations de transformation et distribution d’agrocarburants
*Individuellement, boycotteront les agrocarburants à la pompe (E85, diesel « verdi à l’huile de colza ou de tournesol)

- Au contraire, les Verts, favorables au développement des énergies renouvelables, sont pour des aides publiques à la recherche et aux installations de fermentation-gazéification de la biomasse provenant des déchets domestiques, urbains et agricoles, et encourageront ces développements dans les instances où ils sont élus.

- Concernant les huiles végétales pures produites à la ferme, s’il est légitime de laisser leurs producteurs les utiliser sur les exploitations agricoles, le principe de leur commercialisation en circuit court et dans les flottes captives des collectivités fera l’objet d’une évaluation et d’un nouveau débat.

- En complément, conscients que le problème de la faim dans le monde ne réside pas seulement dans la production et la consommation d’agrocarburants, mais plus largement dans l’accroissement de la consommation de viande et de produits laitiers par les plus riches et les pays émergents, les Verts prendront, dans la perspective d’une plus grande solidarité avec les habitants du Sud, l’initiative d’un grand débat sur les nécessaires changements de nos habitudes alimentaires.

Signatures :

CNIR : Laurence Abeille (Idf), Mathilde Alluchon (IdF), Maryse Arditi, Pierre Aubry (PACA), Jean Augereau (Bretagne), Marie-Régine Bardoux (Midi-Pyrénées), Denis Baupin (IdF), Marie-Jeanne Bazin (Pays de Loire), Véronique Billand (1/4 Nat), Dominique Blanchard (Aquitaine), Gérard Borvon (Bretagne), Rémy Bovis (Ile de France), Eliane Brousse (Auvergne), Marie-Agnès Chalumeaux (1/4 national), Daniel Compère (NPdC), Sylvain De Smet (Ile de France), Jean-Michel Gambier (IdF), Natalie Gandais-Riollet (Poitou-Charentes), Jean Graziani (Corsica), Catherine Hervieu (Bourgogne), Françoise Hoffet (IdF), Nabila Kéramane (IdF), Pénélope Komites (IdF), Jean Lissar (Aquitaine), Elisabeth Loichot (IdF), Marie-Paule Lolo (Paca), Elise Lowy (Basse-Normandie), Daniel Ludwikowski (Nord Pas de Calais), Benoist Magnat (Paca), François Maillard (Basse-Normandie), Abderrahmane Marzouki (Centre), Antoine Maurice (Midi-Pyrénées), Pierre Minnaert (Ile de France), Patrick Naizain (Pays de la Loire), Dominique Normand (1/4 Nat), Danielle Persico (Rhône-Alpes), Hélène Planel (Rhônes-Alpes), Annette Rimbert (Nord Pas de Calais), Daniel Rondepierre (Auvergne), Mohammed Sik (Ile de France), Djamila Sonzogni (Alsace), Hugues Stoeckel (Alsace).

CE : Danielle Auroi, Alexis Braud, Stéphane Poli.

Commission : Europe.

Députés nationaux : Martine Billard, Yves Cochet, François de Rugy.

Député européen : Alain Lipietz.

Elus locaux : Bénédicte Beconnier (Conseillère municipale Nieul sur mer), Didier Bertin (Conseiller municipal Rochefort), Maryvonne Boileau (Conseillère municipale Grenoble), Corinne Cap (Conseillère régionale Poitou-Charentes), Pascal Dacheux (Vice-président du Conseil Régional de Picardie), Bernard Ferrier (Conseiller général de Charente-Maritime), Jean Michel Nahon (Conseiller municipal Fouras), Robert Rochaud (Conseiller municipal Poitiers).

Militants : Benoît de Cornulier, Gabriel Delicourt, Françoise Garandeau, Jean-Pierre Goumard, Bernard Jourdain, Madeleine Labie, Yvonne Leroux, Agnès Lumineau,Yves Manguy, Chantal Noquet, Serge Rivet (Poitou-Charentes), Gilles Toublanc, Claudette Triqueneaux (Poitou-Charente) ; Joëlle Tomasini (Corsica).